Clara Marz : l’interview sans filtre

Sep 10, 2020 | Lifestyle

Elle s’est emparée de YouTube alors qu’elle n’avait que 14 ans. 7 ans plus tard, 3 millions de followers tous réseaux confondus suivent ce qu’elle poste quotidiennement. Alors qu’elle vient d’annoncer une collab’ avec Asics, comment supporter la pression numérique à ce niveau ? Réponse avec cette amazone digital-native, qui au travers de sa propre expérience, nous raconte comme sur les réseaux, être bien dans ses baskets.

Combien de temps consacres-tu aux réseaux sociaux ? 

Je pense que c’est très grave (rire) ! J’ai reçu ce matin le rappel de mon phone qui me dit que je passe 6h par jour sur mon téléphone. C’est ahurissant ! Je pense que l’été, je passe même à 8h … C’est devenu instinctif maintenant, quand tu check ton téléphone pour un sms, tu finis par faire un tour sur tous tes réseaux. Mais, j’ai un rapport assez sain : je ne prends pas du tout la tête avec tout ce qui statistiques et likes… C’est éphémère : tu peux avoir les plus gros likes du monde sur des photos où tu fais les plus gros sourires, mais être très malheureux dans la vraie vie. Ça il faut en avoir conscience !

On comprend que le visuel pour une influenceuse lifestyle comme toi soit essentiel : est-ce que tu retouches tes photos ou tu préfères les laisser naturelles? 

Je les retouche un peu. Avant non. Pas du tout, juste la colorimétrie. Mais, il y a un an et demi, j’étais à un festival, et un ami a pris une photo de moi et me l’a retouchée et là … révélation ! J’étais luisante, il me l’a juste matifiée. Avant, je refusais tout ce qui est Facetune et après ça, je m’y suis mise. Mais, j’essaie de moins retoucher ma personne, plutôt de saturer la couleur d’un jean par exemple. Et je surveille toujours bien le avant/après. Je fais attention à ce que cela ne soit pas un truc dégénéré qui ne me ressemble pas.  

Du coup, est-ce que tu utilises des filtres ?

Oui. Sur Snap et sur Instagram, j’utilise les filtres embellissants : pas les filtres trop exagérés mais, juste ceux qui lissent un peu la peau, et j’avoue que c’est devenu un automatisme.

En as-tu créé toi-même comme d’autres influenceuses ?

Pas du tout, je ne saurai pas du tout quoi créer. Je mélangerai des chiens et des voitures sur le truc (rires) ! En vrai, je trouve qu’il y a déjà 100 000 filtres, je ne vois pas ce que je pourrai apporter en plus !

Est-ce que selon toi les filtres ont impacté les normes de beauté ?

Ce qui me choque le plus, ce sont les comptes des femmes « parfaites ». Et pire encore : ceux qui font la promotion de la chirurgie esthétique dans leur stories. Ils postent ça parce qu’ils ont bénéficié d’opérations gratuites pour eux, et ils ne pensent pas à l’impact sur la jeunesse. Les commentaires les plus méchants viennent d’ailleurs de cette génération.

On parle d’interdire les filtres censés nous avantager physiquement, mais qui peuvent aussi paradoxalement décimer notre estime de nous. Qu’en penses-tu ?

Sincèrement, en créant ce genre de filtres, il était évident que tout le monde les utiliserait tout le temps. C’est bien de penser à les supprimer mais en premier lieu, il aurait été préférable de penser à ne pas les mettre. Je pense toutefois, que c’est une bonne initiative.

Mais, sur les réseaux sociaux tout peut créer des dérives : que ça soit les filtres ou même les photos d’autres personnes. Moi ce qui m’effraie davantage c’est la comparaison permanente avec les autres. Avant, on se comparait à l’école, à la meilleure fille de la classe et maintenant, la comparaison se fait sur Instagram. Cela peut être assez terrible mais, heureusement, beaucoup de campagnes contre le harcèlement commencent à mettre en place.

Tu es d’ailleurs très engagée sur cette question ?

Avant, je me détestais. C’était marrant parce que j’étais sur les réseaux et quand j’avais des questions de mes followers genre : « Comment est-ce que tu fais pour avoir confiance en toi ? ». Je répondais que justement, je n’avais pas confiance en moi. Il est important de faire comprendre que je suis une personne comme eux. Moi aussi, si ça peut les rassurer, je ne me trouve pas toujours belle. En revanche, en grandissant, j’ai compris que tu nais dans ton corps, et que tu restes à vie dans ton corps. C’est donc mieux de t’aimer que de mener un combat contre toi.

Quel message souhaite- tu faire passer à ces personnes, qui pourraient nous lire, et qui ont du mal à s’accepter ?

Je vous rassure : on manque tous de confiance en nous ! On a vraiment tous des complexes ! Toutes, tous ! Il faut comprendre qu’il faut s’apaiser, et s’aimer. Il faut savoir que cela prend du temps, que cela ne vient pas du jour au lendemain. Et pour s’aimer, il faut s’entourer des bonnes personnes, faire des activités qui nous plaisent, qui nous font du bien. Je ne parle pas, par exemple de faire du sport pour atteindre physiquement ce que l’on a envie d’atteindre, mais de faire du sport pour se faire plaisir, se dépenser. Moi, je fais de la boxe ! Mentalement, cela me fait du bien. Il faut trouver ces activités qui font plaisir, avoir une belle relation avec sa communauté. Pour être enfin gentil avec soi-même.