Souvent considéré comme un “ovni” dans le rap français, son style est pourtant bien identifié. Laylow – Thomas A. Anderson de son vrai nom – est, du haut de ses 27 ans, l’un de ces rares cas à part constamment soucieux de nouveauté et de volonté de se distinguer.
Déjà sept ans que l’artiste construit pierre par pierre un univers qui a pu parfois échapper aux auditeurs tant il était expérimental. Cette année, avec Trinity son premier album, il ne s’est pas contenté de proposer une vision de sa musique. Cette fois-ci, il a embarqué tout le monde avec lui, désireux de rendre accessible toute sa complexité sans jamais la dénaturer. Force est de constater que le bonhomme cultive le délire futuriste : pochette rappelant la série de films Alien, des prods métalliques/robotiques/informatiques et une voix qui ne s’accorde aucune limite, avec de grosses transformations, des saturations, des variations violentes de notes et de sacrés changements de flows au sein d’un même couplet.
Écouter Laylow revient parfois à se laisser prendre au piège par un robot qui en plus d’une intelligence supérieure, se serait retrouvé confronté à la fragilité humaine ajoutant ainsi la fonction romantisme au coeur du circuit imprimé. Le plus frappant dans cet album Trinity est l’aspect jusqu’au boutiste de la direction artistique : tel un jeu vidéo, on nous embarque pour une navigation digitale suivant les pas d’un personnage confronté au dilemme amoureux avec tout ce qu’il engendre d’enthousiasme et de décadence. Accro au cinéma, le monsieur avoue regarder plusieurs films par soirs, ce qui justifie pleinement la “photo” accordée à cet album qui est d’ailleurs bien plus qu’un simple objet musical tant Laylow laisse la possibilité de transformer l’oeuvre de bien des manières dans notre imaginaire. Sa force est clairement de parfaitement maîtriser la distance entre hors piste et envolées délirantes, tout en laissant la possibilité de s’approprier ses pulsions artistiques. En témoigne le succès que rencontrent ses différents projets jusqu’à l’achèvement que représente un premier album. Bien dans son époque avec pourtant un temps d’avance, Laylow a créé une nouvelle catégorie : celle des génies bien compris.