Designer adulé de sa marque éponyme, Heron Preston n’a jamais voulu se limiter à la mode. Preuve en est ? Sa récente intégration au sein de l’équipe Gen.G, organisation professionnelle de gaming eSports, en tant que conseiller exécutif. Une sensibilité à la rue, à la musique, aux cultures numériques et à l’environnement : le créatif envoûte les nouvelles générations. Et il y a de quoi.
Souvent considéré comme le Dapper Dan 2.0, Heron Preston s’est d’abord fait connaître dans l’univers mode en tant que contrefacteur. Ses fameux bootleg Givenchy « Pitbull » et ses multiples détournements de logos NASCAR FACTORY, Google ou Coca-Cola font encore partie des pièces streetwear très recherchées. L’ironie ? Heron Preston, à la tête de sa marque au sein du New Guards Group, qui a brassé en seulement deux ans un chiffre d’affaire de 25 millions d’euros, trouve désormais bien des contrefaçons en Chine de ses pièces iconiques. Et plutôt que les attaquer, l’homme de 37 ans préfère s’emparer d’une poignée de ces t-shirts « Heron Prestom » pour en faire le projet “AUTHORIZED FAKES”. « J’ai décidé d’en acheter une quantité limitée, avec l’intention de corriger l’orthographe de mon nom en cousant un ‘N’ en orange transparent au dessus du ‘M’, d’améliorer le design, d’autoriser la contrefaçon avec un coup de tampon de validation et ma signature datée. L’objectif est d’ensuite le revendre en tant que produit véritable, mais au prix d’une contrefaçon.” Une idée étonnante qui définit parfaitement sa manière de fonctionner : avec audace et à contre-courant.
En 2004, le natif de San Francisco diplômé de l’école de design Parsons School commence à documenter sa vie sur un blog à travers des photographies underground prises au fil de ses rencontres New-Yorkaises. Repéré par Al Moran, fondateur d’une galerie d’art, il édite un premier livre de photographies sponsorisé par Nike intitulé « The Young and the Banging« . Grâce à cette porte d’entrée, Heron Preston devient chasseur de tendance pour la marque au swoosh puis spécialiste marketing sportswear et directeur des réseaux sociaux. Parallèlement, il rencontre sur des forums mode et musique nombreux de ses futurs collaborateurs comme Virgil Abloh, Justin Saunders ou encore Matthew Williams. Ensemble, ils fondent un collectif de DJ puis une marque menswear : c’est la naissance de Been Trill. Grâce à une communication digitale influente et un réseau très étendu, la hype s’empare du label et se voit adopté par toute une flopée de cools kids comme A$AP Rocky. Et c’est ce subtil lien entre la mode et la musique qui ont conduit Heron Preston et tout le collectif a travaillé à la direction artistique de Kanye West ainsi que sur son merchandising.
En 2016, Heron Preston prend conscience de l’impact environnemental de l’industrie de la mode et décide de retravailler les uniformes des éboueurs du New York City Department of Sanitation. Présentée lors de la Fashion Week au coeur du Spring Street Salt Shed, la collection co-brandée a l’effet escompté : succès et sensibilisation. Alors que Virgil Abloh a déjà entamé son travail sur Off-White et que Matthew Williams se concentre sur la montée d’Alyx Studio, Heron Preston signe à son tour un contrat avec New Guards Group (Off-white, Palm Angels, AMBUSH, Kirin…). En seulement quelques mois, il confectionne sa première collection « FOR YOU, THE WORLD » de 40 pièces aux accents workwear utility et la présente à la Paris Fashion Week de février 2017.
Depuis, Heron Preston s’est définitivement implanté comme l’un des créateurs les plus influents de sa génération. Ses six dernières collections ont de toute part marqué les esprits des millennials et ses diverses collaborations avec Nike, Off-White, Ugg, la NASA, Carhartt ou encore Levi’s ont également un peu plus impacté la culture. Des vestes en cuir à la Matrix aux mousquetons à la ceinture en passant par l’obsession de l’uniforme, des poches et de la couleur orange, le designer a toujours un temps d’avance pour se réinventer et viser juste.
